Le 11 mai 2023, une centaine de chef·fes d’établissements scolaires de Montpellier et Toulouse ont reçu, de la part des services de l’Éducation nationale, un mail leur demandant de recenser les élèves absent·es au cours de la période du ramadan et particulièrement lors de la journée du 21 avril, jour de la fête de l’Aïd el-Fitr. Face à l’indignation du personnel éducatif, la Direction académique du département a envoyé un nouveau courriel présentant des excuses.
Les syndicats de l’éducation rappellent que les élèves ainsi que les personnels sont autorisés à s’absenter le jour de l’Aïd par une circulaire du ministère de l’Éducation nationale. La Ligue des Droits de l’Homme dénonce une demande scandaleuse plaçant le personnel administratif des établissements et le corps enseignant dans une situation incompatible avec leur mission d’enseigner les principes de laïcité et d’égalité.
La désinvolture du ministère de l’Intérieur face à la polémique est inquiétante. S’il admet avoir demandé une « évaluation du taux d’absentéisme constaté à l’occasion de l’Aïd el-Fitr », il nie tout « fichage », invoquant la « maladresse » des services du renseignement territorial et des policiers référents de l’Éducation nationale.
Génération·s dénonce avec la plus grande fermeté cette initiative de l’État qui porte atteinte à l’école de la République. Il s’agit d’une institution républicaine dans laquelle a lieu une application stricte de la laïcité et qui doit être protégée de toute tentative d’instrumentalisation politique, particulièrement sur la base de chiffres de recensements qui n’ont rien à voir avec la vie scolaire.
Génération·s soutient les syndicats de l’Éducation nationale, ainsi que les associations de défense, et demande au ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, et au ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye, de s’expliquer devant le parlement sur les objectifs de cette demande et faire la lumière sur l’usage prévu de ces données.
Depuis des années, le gouvernement reste sourd et inefficace face aux alertes répétées des équipes éducatives, des responsables d’établissements et des parents d’élèves, quant au manque flagrant de moyens financiers et au déficit d’effectifs de l’Éducation nationale. Le gouvernement doit se concentrer sur sa mission éducative première : garantir une éducation républicaine de qualité, plutôt que de stigmatiser honteusement les élèves en raison de leur confession.
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