Encouragés par un président désespéré, en bout de course et abandonné par la plupart de ses proches collaborateurs, des citoyens américains ont tenté d’inverser le cours de l’Histoire en stoppant un processus démocratique. Ils ont échoué lamentablement. Les institutions démocratiques ont tenu le choc et les Etats-Unis auront un nouveau président élu par la majorité de la population le 20 janvier
Ce qui s’est passé ce 6 janvier historique était annoncé depuis l’entrée en fonction de Donald Trump il y a quatre ans, porté par l’influence des mouvements néolibéraux, néoconservateurs, racialistes, complotistes (du Tea Party à Fox News). L’homme, autocratique et narcissique par nature, n’a pas cessé durant tout son mandat de tester les limites de l’exercice du pouvoir
présidentiel, tentant par tous les moyens d’imposer sa gestion erratique et irresponsable à son gouvernement, au Congrès et aux Etats récalcitrants. Sa pratique, consistant à obtenir des « deals », comme un vulgaire marchand de savonnettes, cherchait à sortir des cadres traditionnels de la politique américaine, faite de négociations serrées avec les deux chambres législatives, qu’elles soient ou pas de la majorité présidentielle. Faisant fi des corps
intermédiaires, il n’a cessé de pratiquer le chantage et l’intimidation en mobilisant le « peuple » contre les « élites » dans la pure tradition populiste.
Il fallait « faire le ménage » à Washington, le débarrasser de ses politiciens de carrière, pour répondre aux exigences du peuple : davantage de libertés (d’entreprendre, de prier, de porter des armes et d’exprimer des opinions radicales et identitaires contre l’égalité sociale, raciale, sexuelle notamment). Il s’agissait aussi de renforcer le libéralisme économique en supprimant tout frein réglementaire (désengagement de l’Etat, allègement des impôts pour les riches,
retour aux industries polluantes, à l’énergie carbone, assaut contre l’écologie, résistance à la Chine) et de passer des alliances avec les autres « hommes forts » de ce monde (réarmement massif, contrôle des frontières, complicités avec des dictatures et des dirigeants autoritaires, soutien sans failles à la politique expansionniste israélienne de Netanyahu, à la Turquie d’Erdogan, au Brésil de Bolsonaro, à l’Arabie Saoudite, à la Hongrie, à la Russie, etc.).
Tout au long de son mandat, il a épuisé tous ses collaborateurs, ministres, conseillers, qui ont soit démissionné soit été abruptement remerciés. Incompétents pour la plupart, il a exigé d’eux (surtout des hommes blancs de plus de 60 ans) une allégeance totale, quitte à couvrir toutes ses bavures et dérapages racistes, sexistes, et méthodes anti-démocratiques. Il voulait qu’ils travaillent pour lui, pour sa gloire personnelle et son propre business, confondant les intérêts de son clan familial avec ceux des Etats-Unis. Et cela a fonctionné, et ce, malgré l’enquête du procureur Mueller qui a prouvé sa collusion avec Moscou afin de gagner l’élection de 2016 et la tentative de procès en impeachment cassée par la majorité républicaine au Sénat qui porte la responsabilité de n’avoir pas su ou voulu comprendre.
Les Etats-Unis sont une démocratie… fragile. Ses tentations et dérives autoritaires sont légion, autant à l’intérieur qu’à l’étranger (jusqu’aux années Obama, plusieurs pays ont fait les frais de sa politique impériale et de ses ingérences). La liberté d’expression, sacro-sainte, a permis toutes les outrances et affirmations complotistes et révisionnistes, sans garde-fou. La science y est souvent attaquée (on le voit avec la gestion catastrophique de la pandémie) au bénéfice de la croyance religieuse, voire de théories fumeuses. Dans ces conditions, les voix d’un véritable progressisme ont peine à se faire entendre dans un pays où l’argent est roi et ligote la démocratie, dominée par les lobbies industriels et financiers qui corrompent toute la vie politique.
La France et l’Europe doivent se tenir aux côtés des défenseurs de la démocratie aux USA et affirmer que leur adhésion aux valeurs universelles de liberté, d’égalité et de justice reste le socle de leur partenariat avec cet allié occidental, incontournable pour l’équilibre du monde, qui doit revenir à ses idéaux fondateurs. Notre continent n’est pas non plus à l’abri de ces autoritarismes, populismes d’extrême droite et dérives liberticides. Restons aussi vigilants et
mobilisés en Europe.
Génération.s International / Europe
3 commentaires
Écrire un commentaire« Voilà voilà ça recommence »
Et pourtant il a obtenu 70 millions de bulletins!
Vous restez très au-delà des enjeux. Allez plus loin ! Cest la même population que nous avons à reconquérir
A la conquête des abstentionnistes pas des extrémistes 🙏