Menacé.es par le froid et la faim, refoulé.es de part et d’autre de la frontière entre la Biélorussie et la Pologne, des milliers de réfugié.es, acheminés délibérément par Minsk, sont les otages d’une stratégie visant la déstabilisation de l’Union européenne.
Illégaux au regard du droit international, ces refoulements sont autorisés par une loi polonaise votée le 14 octobre dernier, en contravention avec le droit de l’Union européenne. Ne pouvant revenir en Biélorussie, certains migrants sont repoussés sept ou huit fois de suite. Selon des témoignages, les gardes biélorusses menacent d’ouvrir le feu et il y aurait eu des victimes. La Pologne refuse ainsi de laisser passer ces personnes misérables et les laisse moisir dans le no man’s land entre les deux pays. Cette situation est intolérable et contraire à l’esprit européen. A cet égard, Génération.s dénonce les propos du secrétaire d’Etat aux affaires européennes, Clément Beaune, qui a exprimé sa solidarité avec Varsovie pour ce comportement inhumain.
Ainsi, les territoires longeant la frontière avec la Biélorussie, sont devenus une zone de non-droit depuis l’instauration, début septembre, de l’état d’urgence, à laquelle ni les ONG ni les médias n’ont le droit d’accès. Les informations concernant cette frontière proviennent essentiellement des autorités polonaises ou biélorusses, ou grâce à de rares militants présents qui tentent d’apporter les premiers soins et secours aux réfugiés.
Les ONG qualifient la situation « d’urgence humanitaire » dans les forêts de Podlachie, et appellent le gouvernement polonais à y laisser entrer les organisations internationales.
Ballotés de part et d’autre de la frontière, ces réfugiés sont une réponse du régime d’Alexandre Loukachenko aux sanctions européennes consécutives aux élections frauduleuses d’août 2020 et aux répressions qui s’en sont suivies ainsi qu’à celles prises les 24 et 25 mai 2021, après le détournement sur Minsk d’un vol Ryanair et la capture du journaliste d’opposition Roman Protassevitch, qui se trouvait à bord. L’autocrate de Minsk avait alors menacé d’inonder « l’Union européenne de drogues et de migrants ». Ainsi, Ylva Johansson, la commissaire européenne aux affaires intérieures, a qualifié la situation non de « crise migratoire » mais « d’acte d’agression de la part du régime de Loukachenko. ». Une forme de « guerre hybride ».
Le président russe, Vladimir Poutine, a discuté, mardi, de la crise migratoire avec M Loukachenko. Tous deux ont fait part d’« inquiétudes particulières quant à l’accroissement des troupes régulières polonaises à la frontière » et relevé « des actions violentes de la partie polonaise contre les civils » démontrant par là-même la nature totalement cynique et délibérée de la manœuvre. Lors d’un débat houleux au Parlement polonais, le premier ministre, Mateusz Morawiecki, a pour sa part accusé le chef du Kremlin d’être le « véritable maître de cette opération de déstabilisation ».
En visant Varsovie – un Etat-membre en indélicatesse avec Bruxelles pour des violations des libertés fondamentales – Minsk et Moscou cherchent à déstabiliser l’Union européenne sur la question aussi sensible qu’essentielle des réfugiés qui fait débat au sein des opinions publiques de plusieurs pays.
Au-delà de la réponse politique à apporter, il y a une extrême urgence à mettre en œuvre des mesures humanitaires pour sauver des vies.
Génération.s appelle l’Union européenne à ouvrir un corridor humanitaire afin d’apporter soins, tentes, nourriture aux migrants coincés dans des centaines de tentes à la frontière.
Génération.s appelle l’Union européenne, en lien avec le HCR, à organiser sur place un examen rapide de la situation des personnes et à en accueillir le maximum en faisant preuve de solidarité et en se répartissant ces hommes, femmes, enfants, entre les Etats membres.
La solidarité est un devoir et une valeur cardinale qui fonde l’Union européenne. Faillir sur ce point sera considéré comme une victoire concédée à Minsk et Moscou qui cherchent à prendre les Européens en défaut.
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