Alors que ce jour, les Nations unies se mobilisent pour la journée mondiale des réfugiés, le nombre de déplacés forcés avoisine, pour l’année 2020, près de 80 millions de personnes.
Précaires parmi les précaires, exposées de plein fouet au Covid 19, les personnes exilé.es se retrouvent dans une situation, plus accrue encore, de grande vulnérabilité. Vulnérabilité sanitaire bien entendu, mais vulnérabilité également dans les parcours migratoires, rendus de plus en plus périlleux pour les exilé.es, pour lesquels les frontières deviennent toujours plus verrouillées, dangereuses et infranchissables.
Depuis près de 40 ans, de manière inexorable, les conditions d’accueil des migrants se sont fortement dégradées partout dans le monde, en Europe et dans notre pays. Les obligations internationales de protection des réfugiés, telles qu’elles découlent de la Convention de Genève, sont interprétées par les Etats de la manière la plus restrictive qui soit, au détriment de la plus élémentaire sécurité de celles et ceux à qui elle devrait profiter.
En Europe, le maître-mot est celui de la relégation et de l’externalisation de la prise en charge des migrant.es, en dehors même du territoire de l’Union. Accords de réadmission ou de coopération avec des Etats tiers afin qu’ils accueillent, en lieu et place des Etats européens, les personnes migrantes ayant pourtant fait le choix de l’Europe comme terre de destination.
Ces accords permettent ainsi, contre espèces sonnantes et trébuchantes pour les Etats tiers, une procédure simplifiée d’éloignement des migrant.es du territoire de l’UE vers des Etats (par exemple en Turquie ou en Lybie) où leurs droits et libertés fondamentales sont massivement bafouées et où leur intégrité physique est fortement mise en danger (détentions arbitraires, rackets et extorsions, traitements inhumains et dégradants, violences sexuelles, trafic et traite humaine..).
En France, le gouvernement a, ses trois dernières années, encore un peu plus accentué la dégradation des conditions de l’accueil des personnes migrantes :
- instauration d’un délai de carence de 3 mois pour l’obtention de la Protection universelle maladie – PUMa – et de l’aide médicale d’Etat – AME,
- dégradation des conditions d’enregistrement et d’examen des demandes d’asile
- allongement de la durée de rétention administrative des personnes migrantes
- durcissement de l’accès au titre de séjour
- extension des possibilités de prononcé d’une interdiction du territoire français
- précarisation des conditions d’hébergement des migrants
- ..
Nous ne pouvons accepter pareille brutalité et devons renouer avec l’identité humaniste qui préside à l’idée européenne et aux valeurs de notre république en assurant un accueil digne des exilé.es.
Nous proposons ainsi et notamment :
- la création d’un visa humanitaire européen pour ouvrir des voies légales et sécurisées de migrations
- la création d’un titre de séjour européen permettant la libre circulation et installation des migrants au sein des Etats de l’UE dont ils auront fait le choix
- l’abrogation des accords de réadmission et de partenariat sur les politiques migratoires de l’UE avec des Etats tiers, prioritairement ceux contractés avec la Turquie et la Libye, gravement attentatoires aux droits les plus fondamentaux des migrants.
- l’allocation de financements européens aux Etats ou territoires (villes ou régions) qui mettent en place des dispositifs d’accueil dignes et intégratifs pour les migrants
- la modification des règles du système de Dublin en établissant une clé de répartition de l’accueil des demandeurs d’asile entre les Etats membres de l’UE en fonction de leur capacité.
- l’abrogation des délais de carences pour l’attribution de la PUMa et de l’AME
- l’instauration d’un titre pluriannuel de séjour pour les migrant.es
- l’hébergement inconditionnel de tous les demandeurs d’asile
- la protection effective des mineur.es isolés
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