Génération·s, attaché à la démocratie, à l’État de droit et au respect du pouvoir civil légitime auquel sont soumises les forces armées, condamne fermement le coup d’État militaire survenu le 26 juillet au Niger. Nous demandons la libération immédiate du président démocratiquement élu, Mohamed Bazoum et de tous les responsables politiques arrêtés suite à ce coup de force, ainsi que le retour à l’ordre constitutionnel.
C’est pourquoi nous apportons notre soutien aux initiatives régionales, notamment de la Cedeao (Communauté Économique des États d’Afrique de l’Ouest), afin de négocier avec les putschistes une solution pacifique de sortie de crise. Après les précédents coups d’État au Mali, au Burkina Faso et en Guinée, l’avenir de la démocratie dans cette région est en jeu.
La situation sécuritaire au Sahel et la lutte contre les djihadistes ne peuvent reposer sur la seule force militaire. Le Niger, l’un des pays les plus pauvres au monde, et ses voisins, doivent aussi bénéficier des moyens nécessaires pour lutter contre la pauvreté et les conséquences du changement climatique. Malgré quelques initiatives bienvenues, les moyens demeurent largement insuffisants pour répondre aux besoins des populations.
C’est pourquoi Génération·s appelle la communauté internationale, et en premier lieu l’Union européenne, à accroître ses efforts en matière de développement à travers des partenariats solidaires tenant compte des besoins en développement et en mobilité des populations, des communautés et des autorités légitimes du Niger.
Nous appelons le gouvernement français à prendre la mesure de ce que les quinze dernières années ont produit en termes de déstructuration de l’aide et de la coopération française avec les pays sahéliens. Le recul du nombre de coopérants, la faiblesse des budgets en subventions, l’impossibilité pour les pays les plus faibles économiquement de s’appuyer sur notre politique de prêt, les réductions de postes dans notre appareil diplomatique ont conduit à une situation dans laquelle les relations étroites avec les pays du Sahel n’ont pas été remplacées par une politique de coopération à la hauteur, si ce n’est par l’engagement de nos forces militaires et les investissements des entreprises privées françaises, avec les conséquences que nous observons aujourd’hui sur l’image de la France dans les sociétés civiles sahéliennes.
Nous condamnons l’actuelle dérive de régimes militaires qui s’appuient sur des milices armées qui se paient sur les ressources des pays africains et financent ainsi une propagande qui masque leurs intentions réelles. Nous appelons à la vigilance devant le risque d’une nouvelle mise sous tutelle du Niger et de l’éloignement durable de l’émergence d’une démocratie libre et autonome.
La France et les Européens doivent convaincre les sociétés civiles qu’ils sont des partenaires démocratiques et humbles. Nous ne devons plus nous comporter en puissances paternalistes dépositaires d’un supposé héritage politique mais en partenaires respectueux. Cela suppose de défendre nos valeurs, nos partenaires et nos intérêts. Cela suppose également que nous construisions une nouvelle vision des relations entre les Afriques et l’Europe, les destins des deux ensembles étant liés, une vision qui porterait un partenariat d’égal à égal et dont le contenu doit être revisité. Les ambitions exprimées durant les sommets internationaux doivent se traduire en projets concrets pour le développement économique, l’éducation, la préservation de la biodiversité, la mobilité des personnes et l’adaptation climatique.
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