Le 12 octobre 2021, le chef de l’État a présenté “France 2030”, son plan d’investissement d’un montant de 30 milliards d’euros sur 5 ans. Il fait suite au plan de relance de l’automne de 2020 dont l’enveloppe était de 100 milliards d’euros.
La majorité actuelle ne devrait voter que la première tranche du plan, à savoir 3 à 4 milliards sur les 30 milliards, “France 2030” est par conséquent probablement le dernier plan de communication d’envergure du président Macron avant le début de la présidence française de l’Union européenne et la campagne pour l’élection présidentielle de 2022.
Véritable inventaire à la Prévert avec quinze priorités et une dizaine de chantiers divers, une centralisation jacobine des prises de décisions mais, paradoxalement, sans y associer le Haut-Commissariat au Plan, qui s’est avéré être lui aussi un gadget de communicants,
Ce plan est une vision du monde d’avant : “le nucléaire de demain” (sic) avec par exemple un milliard d’euros investis dans le développement des mini centrales nucléaires SMR, que le chef de l’Etat n’exclut pas d’installer sur le sol français.
Le monde d’avant car ce plan d’investissement ne prévoit rien pour :
- le secteur ferroviaire, alors que dans le même temps 4 milliards d’euros (en plus des 8 milliards d’aides annoncés en mai dernier) sont consacrés à l’automobile et à l’aéronautique.
- la sobriété énergétique
- la lutte contre la précarité énergétique et l’isolation des bâtiments
- les services publics, dont la crise du Covid a mis en lumière de façon criante les besoins urgents en investissements pérennes
- les services à la personne et la revalorisation des métiers du care
- l’ESS
- l’économie circulaire
- la transition de notre modèle agricole, mais à la place le chef de l’Etat propose la numérisation, la robotisation et le recours à la génétique
- la gestion de nos déchets industriels
Enfin, ce plan en dit beaucoup trop peu sur la solidarité, alors que la récente étude du Credoc vient montrer qu’en France, depuis la crise sanitaire et ses retombées économiques et sociales, 4 millions de personnes baptisées les “nouveaux vulnérables” viennent s’ajouter aux personnes déjà en situation de pauvreté et de précarité.
La présentation de ce plan a également été l’occasion pour le chef de l’État d’assumer une fois de plus son dogmatisme en matière de temps de travail. Emmanuel Macron l’a redit : en France, on ne travaille pas assez ! C’est faux, et nous le rappelons : l’OCDE pointe qu’en 2018 les français travaillaient en moyenne 37,3 heures par semaine contre 34,9 heures pour nos voisins allemands, et 36,5 pour les Britanniques. Quant à la productivité des salarié·es français·es, dont il ne dit mot, elle se situe en moyenne 15 points au-dessus de la moyenne européenne.
Rendez-vous raté donc pour le projet d’avenir. Pourtant un grand nombre de propositions concrètes étaient sur la table : celles de la Convention Citoyenne pour le Climat parfaitement méprisées par Emmanuel Macron.
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