Pour la quatrième fois en 14 ans, Israël est en guerre ouverte contre l’enclave palestinienne de Gaza. Bombardements massifs et meurtriers contre tirs nourris de roquettes (à 90% neutralisées), Tsahal et le Hamas sont déterminés à étaler leur puissance sous couvert de représailles. Ce conflit doit cesser au plus vite. La souffrance des populations est intolérable. Non, ni Israël, ni le Hamas n’ont le droit de faire subir ce calvaire aux Gazaouis et à la population israélienne.
C’est d’abord à Israël de faire le premier pas et d’arrêter les hostilités dont elle porte l’entière responsabilité, en tant que puissance occupante. Rappelons que le grignotage territorial et les expulsions de Palestiniens à Jérusalem-Est ainsi que ses provocations autour de l’esplanade des mosquées et de la Porte de Damas sont à l’origine de cette explosion de violence. Pour autant, il faut dire non aux deux belligérants même si les niveaux de responsabilité ne sont pas les mêmes.
Comme lors des précédents affrontements, le rapport de forces est à nouveau complètement inégal. Le nombre de morts à Gaza est vingt fois plus élevé qu’en Israël. Comment peut-il en être autrement avec la puissance de feu de Tsahal et l’arsenal technologique défensif énorme déployé par Israël (abris anti-bombardements, Dôme de Fer, etc.) dont les Palestiniens ne bénéficient pas pour leur part ? Gaza, c’est une enclave assiégée dont on ne peut pas s’échapper. Même si le gouvernement de Tel-Aviv en a retiré ses forces d’occupation en 2005, il en contrôle encore les frontières, avec la complicité de l’Egypte au sud, et lui impose depuis 2007 un blocus continu, terrestre et maritime. Plus éloquent encore, c’est Israël qui est maître de son approvisionnement en eau, gaz et en électricité.
Gaza, c’est un territoire où survivent plus de 2 millions d’habitants pris en tenailles entre le Hamas, parti politique jihadiste radical (doté d’une branche militaire), qui a remporté les législatives de 2006, et une puissance tutélaire voisine qui le traite comme un bantoustan. Menés par des leaders extrémistes, refusant le dialogue, Israël comme le territoire de Gaza se nourrissent idéologiquement et justifient la violence qu’ils font subir à leur population respective en diabolisant leur adversaire. Il faut arrêter ce cercle vicieux et mortifère.
L’un comme l’autre mène une guerre pour gagner la faveur populaire, en prétendant venger ses morts et vouloir détruire l’ennemi historique. Chacun sait pourtant que ce dernier objectif ne sera jamais atteint. Aucun n’y a vraiment intérêt d’ailleurs puisqu’ils en tirent tous deux leur légitimité. Cette démonstration de force ne mènera donc à rien car l’origine du problème est ailleurs. Et quoi que fassent Netanyahu et les dirigeants du Hamas pour nous en détourner, l’Histoire est obstinée.
L’issue du conflit israélo-palestinien se trouve en vérité en Cisjordanie et à Jérusalem-Est qui subissent l’irrédentisme des colons, mais aussi maintenant, de façon inédite, dans les villes mixtes d’Israël qui ont vu des rixes interethniques éclater. Il s’agit, incontestablement, de la coexistence de deux peuples qui revendiquent la même terre, l’un parce qu’il l’a toujours habitée et l’autre pour des raisons bibliques et historiques. L’un est sous domination de l’autre qui lui fait subir sa loi. C’est cet état de fait qu’il faut briser. L’Autorité palestinienne, aujourd’hui moribonde et en déliquescence, et le gouvernement d’extrême droite de Netanyahu, en bout de course qui joue son va-tout, ne sont plus des interlocuteurs sérieux, capables de mener l’absolu nécessaire dialogue entre ces deux peuples, dont le sort et le destin sont imbriqués.
Que la solution à deux États soit retenue ou qu’un seul État binational soit constitué avec des droits égaux pour tous les citoyens, c’est vers cela que de nouveaux dirigeants responsables et visionnaires doivent tendre et consacrer leurs énergies, aidés par la communauté internationale. Ils doivent s’y résoudre d’autant plus qu’aujourd’hui, les Palestiniens citoyens d’Israël réclament aussi qu’on les prenne en considération et qu’on les protège des ultranationalistes, notamment religieux.
Reste que, pour débloquer la situation, il ne suffira pas d’attendre le bon vouloir d’Israël (ni du Hamas d’ailleurs) qui, rappelons-le, est en position de force et soumis à des obligations internationales en tant que puissance occupante. Il faudra user de moyens coercitifs. Menacer d’abord Israël de sanctions réelles et d’un boycott. La France, l’Europe et les États-Unis, qui subissent, sans le reconnaître, les contrecoups de la montée des extrémismes et qui paient les dégâts commis par Tsahal, doivent s’y engager si Israël ne cède pas à la pression internationale. Car le constat est sans appel : il s’agit bien d’un État qui outrepasse ses pouvoirs et abuse de sa force sur une population qui réclame la fin de l’occupation et son droit à l’autodétermination.
Ce n’est pas nier la légitimité d’Israël que de solliciter un tel dispositif : c’est un devoir d’intervention vital pour les populations israéliennes comme palestiniennes.
Par ailleurs, il faut que des élections se tiennent rapidement pour nommer un nouvel exécutif à l’Autorité palestinienne en permettant aux 300 000 Arabes de Jérusalem-Est d’y participer, ce qu’Israël avait refusé, annulant de fait le scrutin. Enlèverait-on le droit de vote aux colons de Cisjordanie parce qu’ils habitent sur un territoire contesté ? Israël a ainsi usé de prétextes qui cachent mal son ambition d’annexion et sa tentation de judaïser l’intégralité de Jérusalem, Est comme Ouest.
Ce conflit n’a que trop duré. Beaucoup ont voulu l’enterrer pour détourner le regard de la communauté internationale occupée par d’autres enjeux. Aujourd’hui, ce sont des hommes, des femmes, des personnes âgées et des enfants qu’on enterre. Des deux côtés. Il est temps d’avoir du courage politique, d’impliquer les Nations unies et d’écouter les diasporas juives et arabes du monde qui, dans leur grande majorité, n’aspirent qu’à une seule chose : la paix en terre triplement sainte pour le bien de toute l’humanité.
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