Vendredi 16 septembre, une jeune femme kurde de 22 ans est morte à Téhéran, trois jours après avoir été arrêtée et placée en garde à vue par la police des mœurs pour un voile « mal porté ». Les conditions du décès restent floues mais la mort de Mahsa Amini a fait office de catalyseur. Elle est devenue le nouveau symbole de la lutte pour les libertés.
Malgré la répression, le 21 septembre on comptait déjà six personnes tuées lors d’affrontements avec les forces de l’ordre, les manifestations se répandent dans tout le pays, de Téhéran au Kurdistan iranien, en passant par une quarantaine de villes moyennes.
Des femmes brûlent leur voile, d’autres se coupent les cheveux en direct sur les réseaux sociaux, d’autres vont jusqu’à descendre dans la rue tête nue, risquant des peines de prison pouvant aller jusqu’à 25 ans. Aux côtés de ces femmes, dont nous saluons l’immense courage, on voit aussi des hommes, des familles avec enfants et même des personnes âgées ce qui est inédit.
Au-delà de la dénonciation de « l’apartheid sexiste », ces manifestations visent le régime et ses fondements à travers les slogans entendus, « Femme, vie, liberté ! », « A bas le dictateur ! », « Mort à Khamenei ! » (Le Guide suprême, plus haute autorité du pays), mais aussi les affrontements avec la police et les attaques contre le drapeau iranien dans un pays très nationaliste.
La colère commence à être plus grande que la peur et la jeunesse pourrait se radicaliser malgré la mémoire des manifestations de 2019 contre la hausse du prix de l’essence qui ont causé des centaines de morts.
L’Iran est un pays où les deux tiers de la population ont moins de 20 ans. La jeunesse ne supporte plus les carcans religieux et depuis plusieurs mois une campagne sur les réseaux sociaux vise à changer la loi sur le port obligatoire du hidjab alors que la répression s’intensifie depuis l’élection à la présidence de la République de l’ultraconservateur Ebrahim Raïssi en juin 2021, et que les incidents lors de contrôles de la « tenue vestimentaire » se multiplient.
La crise économique et sociale (20% de chômage, 36% d’inflation en 2020) due notamment aux sanctions occidentales exaspère une jeunesse éduquée et diplômée, y compris les femmes, qui aspire à une société de liberté, de bien-être et de consommation et ne supporte plus le clientélisme.
Génération.s soutient les manifestant.e.s qui descendent courageusement dans la rue pour défendre les droits humains, la liberté des femmes, la démocratisation d’un régime sclérosé. La sortie de l’accord sur le nucléaire en 2018, décidée par Donald Trump, et sa stratégie de « pression maximale » ont été un échec et ont conduit à la perte de confiance de la population iranienne dans les courants « réformistes ». L’Europe a été incapable de s’opposer aux Etats-Unis et de défendre sa « souveraineté économique ». Cela a abouti à la prise en main de tous les leviers du pouvoir par les radicaux.
Génération.s appelle à poursuivre les négociations sur un nouvel accord nucléaire, à la levée des sanctions qui frappent en premier lieu la population, et au soutien à la société civile et aux mouvements féministes qui revendiquent leur droit à la modernité, à la liberté, à l’égalité, à la tolérance et portent l’espoir d’une évolution du système.
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